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commençait dès lors, sans doute, à rayonner d’Antioche, centre de la première propagande chrétienne, par delà les limites de la Palestine et de la Syrie.

Ainsi, plusieurs années avant l’entrée en scène de l’apôtre Paul (vers 45), la prédication messianique s’exerçait déjà au dehors, et cela au point d’inquiéter l’autorité romaine ! Ce stade initial de l’extension chrétienne était jusqu’ici totalement inconnu. Contrairement à ce qu’affirmait Ernest Renan[1], les premiers missionnaires chrétiens n’avaient donc pas négligé l’Égypte, qui avait été, au contraire, un de leurs objectifs immédiats.

Salomon Reinach soulignait aussi le jugement de l’empereur sur cette prédication, génératrice de désordre. Claude l’appelle une « maladie ». Quelque temps après, le rhéteur Tertullus traitera saint Paul de « peste » (λοιμός[2]). Vers 111, Pline le Jeune parlera de la contagio istius superstitionis. Tacite dira malum, exitiabilis superstitio, à propos de la secte chrétienne. Et sous plus d’une plume païenne réapparaîtront dans la suite ces qualifications méprisantes.

Nous serions donc en présence du premier témoignage profane sur la mission chrétienne primitive, considérée dès lors comme une menace contre la société humaine, contre l’Oikouménè tout entière.

La thèse Sanctis-Reinach suscita des adhésions chaleureuses, mais aussi de vives oppositions (Jülicher, Guignebert, Batiffol, Lagrange, von Soden, etc.). M. Stephan Lösch[3] a résumé, en dernier lieu, les raisons qui inter-

  1. Orig. du Christianisme, II, 283.
  2. Actes des Ap., 24, 5.
  3. Epistula Claudiana, der neuentdeckte Brief des Kaisers Claudius vom Jahre