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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/279

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n’est plus la vertu qui achemine l’homme au ciel, c’est le manque d’argent[1] !

Plusieurs des critiques qui se sont occupés de Porphyre estiment, je l’ai dit, qu’on aurait tort de lui prêter des intentions systématiquement hostiles à l’égard de Jésus. Ce que Porphyre blâmerait, ce ne serait pas tant la personne et les actes du Christ que l’image légendaire et conventionnelle fournie par les Évangiles et la littérature apostolique.

Harnack[2] se prévaut surtout du passage où Porphyre accuse les évangélistes d’avoir été non pas les historiens, mais les inventeurs de l’histoire de Jésus (ἐφευρετὰς, οὐχ ἵστορας τῶν περὶ τὸν Ἰησοῦν πράξεων[3]) et des nombreuses accusations de mensonge qu’il formule contre ceux-ci : « Quant à Jésus, affirme Harnack, comme tel il le laisse hors de cause, évidemment à dessein[4] », parce qu’il a pour lui « une estime cachée[5] ». Geffcken loue Porphyre d’avoir été le premier à distinguer entre le Christ et les chrétiens, entre le Christ et les relations fournies sur le Christ, entre le Christ et les altérations dont son enseignement fut l’objet[6]. « Sa philanthropie, écrit M. Bidez[7], lui fait éprouver pour la personne même du Christ et pour certaines parties de son enseignement plus que de la sympathie, presque du respect. C’est aux disciples de Jésus, c’est aux déformations dont ils sont les premiers auteurs,

  1. Fragm. no 58.
  2. Texte und Unters., 37, 4, p. 111 et 135.
  3. Fragm. no 15.
  4. « Jesus als solchen lässt er augenscheinlich absichtlich aus dem Spiel » (p. 136).
  5. « Eine verborgene Hochschätzung » (p. 137). Comp. Dogmengeschichte, I³, p. 477.
  6. Ausgang…, p. 65 ; Zwei griech. Apol., p. 303 n.
  7. Vie de Porphyre, p. 77.