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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/287

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pièce vouée aux brocards et aux sifflets[1] ; les animaux eux-mêmes protesteraient en leur langage s’ils pouvaient comprendre[2]. Ces histoires puériles[3], bonnes pour des enfants en bas âge[4] et des femmelettes[5], on a quelque peine à les entendre sans colère. Mais mieux vaut encore les accueillir avec un « rire modéré[6] », juste revanche de la raison.

Tel est son état d’esprit. Pour lui, une lutte décisive est engagée entre la civilisation antique, telle qu’elle a été constituée par la tradition et par la loi (ἡ κατὰ νόμους πολιτεία[7]), et une entreprise impudente et barbare (βάρβαρον τόλμημα) qui en menace l’essence même[8]. De toute son âme partisane, il se jette dans la bataille. Sa pensée n’est pas une pensée paisible, ouverte, hospitalière, et qui cherche à comprendre celle d’autrui : elle reste sur la défensive — malveillante, soupçonneuse, ironique — et ne la quitte que pour attaquer.

Il est capable de remarques aiguës, capable aussi de vétilles presque niaises. On a pu noter ces alternatives dans certains des morceaux que j’ai traduits ou analysés. En voici encore un ou deux exemples.

Il s’empare du passage de saint Luc (XIV, 12) où Jésus conseille à celui qui veut donner à dîner ou à souper de n’inviter ni ses amis, ni ses frères, ni ses parents, ni ses voisins riches, « de peur qu’ils ne l’invitent à leur tour et

  1. Fragm. no 23, ligne 17.
  2. Fragm. no 35, ligne 9.
  3. Fragm. no 55, ligne 18.
  4. Fragm. no 49, ligne 50.
  5. Fragm. no 54, ligne 5.
  6. μετρίῳ γέλωτι : fragm. no 34, ligne 20.
  7. Fragm. no 39, ligne 26, et les expressions citées plus loin, p. 434, note 2.
  8. Ibid.