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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/299

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à toute force le reléguer au ier siècle de notre ère, ou au début du second[1]. Saint Augustin, il est vrai, ne le cite pas dans la Cité de Dieu parmi les chefs de la secte, à savoir Apulée, Plotin, Jamblique et Porphyre. Mais son énumération n’est pas limitative, car il ajoute aussitôt : « et ceteri eiusmodi[2] ». D’autre part, la façon dont il le met en cause au chapitre 19 de son neuvième livre, après avoir longuement étudié la théorie néo-platonicienne des démons, intermédiaires entre les dieux et l’homme ; la place qu’il lui assigne dans le groupe des « démonolâtres » (il a appelé un peu plus haut les néo-platoniciens des amici daemonum[3]), tout cela ne laisse planer aucun doute sur sa pensée. Pour lui, Labeo est bien un adepte du néo-platonisme. Son respect pour les lointaines origines de cette doctrine n’allait à rien de moins qu’à ranger Platon parmi les demi-dieux. C’est encore à Augustin que nous devons cette indication[4].

À examiner les trop rares vestiges qui subsistent de ses écrits, la critique la plus récente reconnaît la trace de la pensée porphyrienne[5]. Naturellement cette influence ne se décelait que lorsque Cornelius Labeo s’élevait au-dessus de ses préoccupations habituelles d’archéologue et d’érudit : il n’était philosophe que par occasion. Mais là où il essayait de l’être, c’est aux interprétations néo-platoni-

  1. Par exemple Benno Boehm, dans sa dissertation De Cornelii Labeonis aetate, Koenigsberg, 1913.
  2. Cité de Dieu, VIII, xii.
  3. § xviii.
  4. Cité de Dieu, II, xiv et VIII, xiii.
  5. Voir surtout W. A. Baehrens, dans l’Hermès, 1917, p. 42 et s. (et sa conclusion très ferme, p. 55). De même Wissowa, dans la Real.-Enc. de Pauly-Wissowa, IV, 1351 et, avec quelques réserves, W. Kroll, dans le Rheinisches Museum, 1916, p. 313 et s.