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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/303

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de grands services au monde romain. Pendant plus de dix-huit ans, il ne manifesta aucune hostilité particulière à l’égard du christianisme. Mais il était, au fond, tout pénétré de l’idéal des vieilles mœurs romaines, et plein de respect pour le passé. Il estima, à un moment donné, qu’il y avait trop de chrétiens dans son palais et dans son armée. Certaines épurations préparèrent le terrible édit qui fut affiché à Nicomédie le 24 février 303. Les églises seraient saisies et démolies, les livres saints brûlés, tout dignitaire chrétien, militaire ou civil serait dépouillé de ses charges. Cet édit fut bientôt complété par une série de mesures encore plus menaçantes. La profession de christianisme était interdite, et tous les fidèles obligés de faire acte public d’adhésion aux cultes officiels. Les pénalités du refus étaient l’emprisonnement, pour commencer ; puis, en cas d’obstination, la torture, la relégation, la mort, ordinairement par le feu, — et cela sans aucune considération du rang social. Des policiers, armés de listes nominatives, fouillaient les maisons, traînaient les occupants au temple, y compris les femmes et les enfants. Jamais encore on n’avait vu un tel déchaînement de violences morales et d’atrocités.

Nous n’avons pas à raconter les phases de cette véritable guerre de religion, mais seulement à étudier l’action intellectuelle qui, du côté païen, y coopéra, dans l’illusoire espérance d’en finir une bonne fois avec l’Église.

II

C’est J. Bidez qui a remarqué qu’il fallut attendre Dioclétien pour voir une collaboration s’établir entre les