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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/374

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édit qui interdisait aux maîtres chrétiens — sophistes, rhéteurs, professeurs de médecine — le droit d’enseigner « apparaît la première manifestation d’une tyrannie qui parut diabolique aux chrétiens… L’ère de la politique conciliante était close. Julien fut poussé à des actes qui lui ont valu une place dans la liste des persécuteurs de l’Église[1]. » On le vit alors se porter à des vexations qu’aggravaient presque toujours des sarcasmes indignes d’un chef d’État. Par exemple, il excluait les chrétiens de la garde prétorienne, de l’armée, des gouvernements des provinces et des fonctions judiciaires, en alléguant cette raison que la loi chrétienne leur défendait d’user du glaive[2]. Quand des chrétiens se plaignaient à lui des procédés de ses fonctionnaires, il leur rappelait le précepte divin qui leur commandait de supporter avec patience l’injustice[3]. Il savait faire sentir son aversion de la façon la plus mortifiante et déniait toutes faveurs, même les plus légitimes, aux cités qui témoignaient de quelque tiédeur à l’endroit des dieux et des sacrifices. Nisibis, Antioche, Césarée de Cappadoce, d’autres villes encore connurent ainsi le poids de sa disgrâce. Sous le prétexte d’une échauffourée entre deux sectes chrétiennes, à Édesse, il écrivit aux Édesséniens :

  1. Bulletin de l’Acad. royale de Belgique, classe des Lettres, 1914, p. 442. Cf. du même, La Vie de l’Empereur Julien, Paris, 1930, p. 310 et s. La réaction violente du sentiment chrétien s’exprime chez Grégoire de Nazianze, Orat., iv, 5 et s. ; Socrate, Hist. Eccl., VII, 12 ; Sozomène, v, 18 ; Rufin, x, 33 ; Théodoret, iii, B ; Augustin, De Civ. Dei, xviii, 52, etc. — Ammien-Marcellin désapprouve cette mesure (xxii, 10, 7 ; xxv, 4, 20) que loue Libanius (XVIII, 158).
  2. Saint Matthieu, XXVI, 52. La lettre 83 (Bidez, p. 94 et 143) confirme la réalité de cette exclusion, qui est mentionnée par Rufin, Hist. Eccl., X, xxxiii et par Socrate, Hist. Eccl., III, xiii ; elle permet de mesurer le « favoritisme confessionnel » de Julien.
  3. Socrate, III, xiii, 9.