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tégeait avec une sollicitude presque indiscrète contre l’influence de la philosophie profane. Mais, interné en 343 ou 344 dans un domaine de Cappadoce, le Fundus Macelli, près de Césarée, il put utiliser assez largement la bibliothèque de Georges de Cappadoce, qui contenait, outre les auteurs chrétiens, bon nombre de rhéteurs, de philosophes, d’exégètes païens[1]. C’est peut-être là qu’il lut pour la première fois les œuvres de Porphyre et de Jamblique, et tout un monde nouveau lui fut soudain révélé.

Il était alors un jeune homme de vie secrète et ardente, tout replié sur soi, perdu en des méditations passionnées. J. Bidez a mis en valeur avec beaucoup d’art une belle page dans laquelle Julien a dépeint l’espèce d’enthousiasme où le jetait la contemplation du soleil et des étoiles, le « mysticisme astrolâtrique » auquel, dès cette époque, il s’abandonnait par accès[2]. « Son émotion d’adolescent qui laisse son regard se perdre dans les régions éthérées, l’état d’extase où il tombe, tandis qu’il est illuminé et transporté par les rayons venus d’en haut, voilà de quoi il nous entretient. »

Quand Constance lui permit d’étudier en Asie la philosophie, Julien connut à Pergame un néo-platonicien de marque, Aidesius, qui ne voulut pas assumer personnellement sa direction intellectuelle, mais le mit en rapport avec ses propres disciples. C’est grâce à l’un de ceux-ci, Eusèbe de Myndos, que Julien conçut le désir de connaître l’homme qui devait exercer sur l’orientation de sa pensée une influence décisive, le philosophe Maxime.

  1. Ép. 107 (Bidez, p. 155, l. 18 et s.).
  2. Oratio IV (p. 130 C) ; voir Bidez, la Jeunesse de l’Empereur Julien, dans le Bulletin des Lettres de l’Académie royale de Belgique, 1921, p. 127 et s. Cf. du même auteur, la Vie de l’Empereur Julien, p. 59 et s.