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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/42

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(quanta sit manus, quanta concordia, quantum valeat in contionibus[1]). Les Juifs formaient au Transtévère, c’est-à-dire au delà du Tibre, dans la partie la plus sordide de Rome, des communautés fort denses. Il était normal que leurs coreligionnaires déjà gagnés à la foi du Christ, et venus d’Orient pour propager la bonne parole, les fissent bénéficier en premier lieu de leur message de salut.

Naturellement cette prédication suscita dans les milieux juifs une émotion très vive. Il dut y avoir d’âpres discussions, des rixes, des commencements d’émeutes, comme il s’en était produit plus d’une fois dans les cités d’Orient. La police romaine ne pouvait rester inerte devant ces désordres réitérés. Sans doute dressa-t-elle un rapport qui fut remis aux autorités. Et Suétone — qui écrit dans le premier tiers du second siècle, mais utilise consciencieusement les pièces d’archives auxquelles son poste à la chancellerie impériale, sous Hadrien, lui donnait libre accès — nous apprend qu’entre autres mesures administratives l’empereur Claude « chassa de Rome les Juifs qui se livraient à de continuelles séditions, à l’instigation de Chrestus ». (Claudius Iudaeos impulsore Chresto adsidue tumultuantes Roma expulit[2].)

De cette expulsion en masse (qui dut n’être faite qu’assez mollement[3]) nous trouvons une confirmation intéressante dans les Actes des Apôtres. Les collaborateurs zélés qui hébergèrent saint Paul à Corinthe, Aquilas, un fabricant de tentes, et sa femme Priscille, y étaient arrivés récemment, éliminés de Rome par l’édit de Claude[4].

  1. Pro Flacco, 66-67.
  2. Claud. XXV.
  3. Voy. Dion Cassius, LX, 166. La date probable est 41.
  4. Actes, XVIII, 2.