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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/429

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depuis la mort catastrophique de Julien, souffraient de n’être plus exaucées.

XXI

Libanius était un des rhéteurs les plus en vue de ce temps. Du rhéteur, il avait les petits côtés, une vanité chatouilleuse, une hargne facilement en éveil contre ceux qui se permettaient de critiquer son enseignement, une insistance un peu fatigante à rappeler ses succès oratoires, les applaudissements qui saluaient presque chaque mot par lui prononcé, les clameurs « qui mêlaient à son nom le nom de Platon et de Démosthène ». Son univers était limité de tous côtés par ces flatteuses réussites. — Mais il était honnête, loyal, serviable, fort capable, le cas échéant, de se hausser à un réel courage moral, d’élever la voix, par exemple, pour défendre les pauvres paysans des environs d’Antioche accablés par les réquisitions et les corvées[1], ou pour dénoncer les abus de tel fonctionnaire haut placé[2].

Il gardait aussi l’amour de son métier, un respect profond à l’égard de la tradition littéraire de l’hellénisme (encore qu’il fût fermé à la poésie et ne s’intéressât guère à la philosophie), un goût de la forme oratoire et du biendire qu’il sut léguer à une élite de disciples, parmi lesquels il compta Basile, le futur évêque de Césarée, à Nicomédie, et, à Antioche, Jean « Chrysostome », Théodore de Mopsueste et Grégoire de Nazianze.

Libanius était né à Antioche de Syrie en 314, et il revint

  1. Περὶ τῶν ἀγγαρειῶν (Förster, III, 471).
  2. Κατὰ Τισαμένου (Förster, III, 165).