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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/463

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seraient moins abattues, si elles savaient se maintenir sur le plan de spiritualité où il les conviait à se hausser.

Dans le sermon 105, par exemple, il rappelait les beaux vers de l’Énéide (I, 278) où Virgile avait placé sur les lèvres de Jupiter lui-même une promesse d’immortalité au bénéfice de Rome et des Romains :

His ego nec metas rerum nec tempora pono :
Imperium sine fine dedi…

« Je ne leur assigne de limite ni dans l’espace ni dans le temps. C’est un empire sans fin que je leur ai donné. »

Promesse mensongère, s’écrie Augustin, et aussi fausse qu’était faux dieu celui à qui le poète la prête ! Là où Virgile parlait en son propre nom, dans ses Géorgiques par exemple (II, 498), ne lui était-il pas arrivé d’employer à propos de la puissance romaine l’expression peritura regna (les royaumes promis à la mort) ? Voilà la vraie notion des choses humaines. Oui, tous les royaumes de la terre auront une fin. Est-ce pour maintenant qu’est marquée l’heure fatale de l’Empire ? Peut-être que oui ; peut-être aussi que non : Dieu seul le saint ! — En tous cas, il est une cité sainte, une cité fidèle, une cité céleste qui, elle, n’a rien à craindre des outrages des hommes ni de l’injure du temps, et où, dans le désastre présent, tous peuvent trouver abri. Nul ne doit donc se laisser intimider par les furieux ennemis du nom chrétien, qui s’en vont répétant que c’est le Christ qui a perdu cette Rome qu’autrefois ses dieux savaient protéger. Des cités qui ont résolument éliminé les anciens cultes —, Alexandrie, Constantinople, Carthage même — ne sont-elles pas parfaitement prospères ? — Au surplus{ il n’est pas vrai que la chute des idoles, à Rome