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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/503

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et de la Vierge Marie. Puis, le Christ a-t-il déclaré qu’il était le fils de tel homme déterminé ? Non pas. En serrant les termes avec la rigueur qu’affectent les incrédules, on peut donc conclure de là qu’il n’était point le fils d’un homme. Enfin Joseph n’a-t-il pas été le fils d’Éli — au point de vue de la Loi, et abstraction faite de toute union conjugale — parce que Dieu voulait donner de cette façon un fils à Éli ? Quoi de surprenant, dès lors, qu’Il ait pareillement donné un fils à Joseph ?

Autre difficulté signalée dans la Quaestio 80[1].

L’Écriture Sainte recommande constamment la patience à l’égard du prochain. À ce prix, comment ne pas imputer une faute à Élisée qui, par ses malédictions, fit périr les enfants qui l’avaient insulté (sans trop se rendre compte de la gravité de leur acte), en les livrant aux bêtes féroces ?

Réponse : Lorsque la patience n’amende pas, la sévérité se recommande plus que la patience. D’ailleurs c’est sans nul doute de leurs parents que ces enfants avaient appris les injures qu’ils lancèrent au prophète. Les parents furent punis dans leurs enfants, et apprirent de la sorte à ne pas outrager les prophètes, ni Dieu en la personne des prophètes.

Nous entendons, dans la Quaestio 126[2], un écho des griefs païens que saint Augustin avait réfutés dans sa Cité de Dieu.

Si Dieu récompense les fidèles par la prospérité dès ici-bas (tels Abraham, Isaac, Jacob et leurs descendants, qui eurent richesse, pos-

  1. Otto, V, p. 110 (Quaestio no 02 dans le ms. de Constantinople). Il est probable que l’objection remonte à Marcion : comp. Tertullien, Adv. Marc., IV, 23 (Kroymann, p. 497, l. 26 et s.).
  2. Otto, V, p. 204 (no 136, dans le ms. de Constantinople).