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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/66

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le monde oriental et s’était incliné vers toutes les formes de la vie religieuse : « J’ai été initié en Grèce, déclare-t-il, à un grand nombre de cultes…, cultes de tous ordres, rites nombreux, cérémonies variées que, par amour de la vérité et par piété envers les dieux, j’ai voulu connaître[1]. » D’autre part, dans les Métamorphoses, où il s’identifie plus ou moins à son héros Lucius, changé en âne par suite d’une fâcheuse erreur, il note chez celui-ci la « curiosité » comme le trait le plus marquant de son esprit. Épuisé par de durs travaux, Lucius, sous son indigne enveloppe, conserve cette familiaris curiositas[2], et assène autour de lui ses regards d’observateur, non sans un plaisir qui le dédommage un peu de ses épreuves[3].

Il paraît surprenant qu’au cours de ses voyages, Apulée n’ait jamais été en situation de fixer son attention sur quelque groupement chrétien ; et qu’avec son besoin de se rendre compte, il n’ait pas essayé de percer le mystère dont s’enveloppaient encore les fidèles du Christ ? En fait il ne les nomme nulle part. Mais on a supposé qu’il songeait à eux dans deux passages, qui figurent l’un dans son Apologie, l’autre dans les Métamorphoses, et où l’on croit entendre l’écho des calomnies dont les chrétiens étaient couramment les victimes.

Le premier texte vise un certain Æmilianus, son beau-frère, qui ne pardonnait pas à Apulée de l’avoir frustré d’un héritage considérable en épousant sa sœur, et avait monté contre lui une histoire de magie, — fort dangereuse à cette époque.

  1. Apol. 55 (trad. Vallette).
  2. Mét. IX, 12 (Helm, p. 211, l. 29). Comp. IX, 30 (Helm, p. 225, l. 41).
  3. Ibid. (p. 212, l. 1).