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Page:Lacerte - L'ombre du beffroi, 1925.djvu/5

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PREMIÈRE PARTIE

LE BEFFROI

CHAPITRE I

marcelle


— Marcelle, ma chérie, ne crois-tu pas qu’il serait temps que tu fasses ton début dans le monde ? Il y a deux ans et demi que ta mère, ma pauvre femme, est morte, et…

— Deux ans et demi… Oui, deux ans et demi, répondit Marcelle ; mais notre deuil n’est pas fini, père !

— Mon enfant, dans nos cœurs, toujours nous porterons le deuil de ta mère… Mais tu as dix-sept ans, ma fille ; à mon avis, le temps est venu pour toi de faire ton début.

— Il sera fait ainsi que vous le désirez, petit père.

— Puisque nous devons retourner, dans cinq ou six semaines, chez-nous, au Beffroi, je propose que nous acceptions l’offre de ta marraine, la vieille amie de ta mère, Mme de Bienencour, qui désire tant que tu fasses ton début chez elle.

— C’est bien, père, j’accepterai, puisque cela vous fera plaisir. Aussi, puisque Mme de Bienencour veut organiser un grand bal, en mon honneur, ce serait peu aimable de refuser d’assister à ce bal, n’est-ce pas ? fit Marcelle, en riant.

À ce moment, un domestique, après avoir frappé discrètement à la porte, entra dans le salon, où se trouvaient Marcelle et son père.

— Madame de Bienencour ! annonça-t-il.

Aussitôt, entra une dame âgée et petite de taille, aux cheveux blancs comme de la neige et ondulant naturellement, aux traits fins et distingués.

À l’arrivée de cette dame, Marcelle accourut au devant d’elle et l’embrassa tendrement.

— Chère Mme de Bienencour ! dit-elle. Vous êtes la bienvenue !

— La mille fois bienvenue ! ajouta le père de Marcelle.

— Merci, Marcelle ! Merci M. Fauvet ! répondit Mme de Bienencour.

Quand ils furent tous confortablement installés, M. Fauvet (dont le prénom était Henri) dit :

— Nous parlions justement de vous, Mme de Bienencour ; je disais à Marcelle…

— Qu’elle doit songer sérieusement à faire son début, n’est-ce pas ? demande Mme de Bienencour en souriant. Et Marcelle…

— Marcelle vous est très reconnaissante, chère marraine, interrompit la jeune fille, pour la peine que vous voulez bien vous donner de la présenter à vos amis. C’est plutôt une tâche pour vous, en fin de compte.

— Une tâche que plus d’une de mes amies