Aller au contenu

Page:Lacombe - La terre paternelle, 1871.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
LA TERRE PATERNELLE.

dans ce moment, si sa mère, inquiète de le voir en si turbulente compagnie, ne fût venue à son secours, et le prenant par le bras, l’entraîna loin du groupe. Le maître de l’auberge, s’approchant alors des jeunes gens, leur représenta que la plus grande partie de son monde était déjà couchée, et leur persuada, non sans peine, d’en faire autant. Alors s’étendant, les uns sur le plancher, près du poêle, les autres sur les bancs autour de la salle, nos jeunes gens finirent par s’endormir, et l’auberge redevint silencieuse.

Il n’en fut pas ainsi de Charles. Il ne put fermer l’œil de la nuit. Les assauts qu’il avait essuyés, la conversation qu’il avait entendue, avaient fait sur sa jeune imagination des impressions profondes. Ces voyages aux pays lointains se présentaient à lui sous mille formes attrayantes. Il avait souvent entendu de vieux voyageurs raconter leurs aventures et leurs exploits avec une chaleur, une originalité caractéristiques ; il voyait même ces hommes entourés d’une sorte de respect que l’on est toujours prêt à accorder à ceux qui ont couru les plus grands hasards et affronté les plus grands dangers : tant il est vrai que l’on