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Page:Lacombe - La terre paternelle, 1871.djvu/38

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LA TERRE PATERNELLE.

voir la possibilité d’une alliance très-prochaine entre l’heureux donataire et l’une de leurs filles. D’autres, au contraire, doutaient beaucoup de l’heureux résultat que devait opérer ce changement survenu dans la direction des affaires de cette famille. Ils disaient même dans leur langage naïf et expressif que le fils s’était enfargé ; qu’un des moindres défauts de la donation était d’être trop forte ; et qu’avec le peu d’aptitude qu’on connaissait au fils, il ne pourrait supporter un pareil fardeau, et n’en ressoudrait jamais.

Ce n’était plus, en effet, le père qui gouvernait alors ; il n’était plus chef que de nom. Le fils seul avait les affaires. Pendant quelque temps, le père lui vint en aide par ses avis et ses conseils : puis, quand il le jugea assez fort, il le laissa marcher seul. Mais on ne fut pas longtemps sans s’apercevoir de grands changements dans cette famille, naguères si étroitement unie. Ce n’étaient plus ces rapports familiers et intimes entre le père et le fils, mais une certaine réserve, de la froideur, de la défiance même, que l’on surprenait entre eux ; c’étaient alors le créancier et le débiteur qui s’observaient mutuellement. Le père,