Aller au contenu

Page:Lacombe - La terre paternelle, 1871.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LA TERRE PATERNELLE

Près d’elle, une autre femme, que ses traits, quoique pâles et souffrants, faisaient aisément reconnaître pour sa fille, s’occupait à préparer quelques misérables restes pour son père et son frère, qui venaient d’arriver.

Nos lecteurs nous auront sans doute déjà devancé, et leur cœur se sera serré de douleur en reconnaissant, dans cette pauvre famille, la famille autrefois si heureuse de Chauvin !… Chauvin, après s’être vu complètement ruiné, et ne sachant plus que faire, avait enfin pris le parti de venir se réfugier à la ville. Il avait en cela imité l’exemple d’autres cultivateurs qui, chassés de leurs terres par les mauvaises récoltes, et attirés à la ville par l’espoir de gagner leur vie en s’employant aux nombreux travaux qui s’y font depuis quelques années, sont venus s’y abattre en grand nombre, et ont presque doublé la population de nos faubourgs. Chauvin, comme l’on sait, n’avait point de métier qu’il pût exercer avec avantage à la ville, n’étant que simple cultivateur.

Aussi, ne trouvant pas d’emploi, il se vit réduit à la condition de charroyeur d’eau, un des métiers les plus humbles que l’homme