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LA PERLE DE CANDELAIR

lement la mémoire des bonnes actions pour lesquelles il devait de la reconnaissance ; la soupe quotidienne, l’abri, le bon accueil pesaient bien autrement dans son esprit que les tiraillements de son oreille, au livre de ses ressentiments.

Enfin, quoi qu’il en soit, Lou-Pitiou, malgré qu’il n’eût reçu d’Étienne que des caresses et une amitié sans tartine, lui était attaché quand même et à toujours ; d’un autre côté la jeune fille lui ayant charitablement donné de quoi satisfaire son appétit, il lui avait voué une reconnaissance que rien n’aurait pu effacer. Aussi fut-il lui lécher les mains bravement, quoique son ami passât près d’elle sans lui rien dire.

Étienne alors tourna la tête, il vit l’ouvrière rouge, confuse et fort embarrassée de ses deux mains, qu’elle tourmentait de son mieux, au fond des poches de son tablier de levantine noire.

— Eh ! c’est vous, Mariette ! s’écria le jeune homme en se rapprochant d’elle. Où donc allez-vous par ces chemins ? si toutefois il n’y a pas d’indiscrétion à vous faire une pareille question.

— Je ne vais pas, M. Étienne, je vous attends, répondit-elle d’une voix presque ferme, malgré son apparent embarras.

— Est-ce aussi pour moi que vous vous êtes faite si belle ? demanda Étienne en parcourant d’un regard souriant et affectueux la jeune fille des pieds à la tête, et en faisant un geste d’admiration naïve.

— Pour qui serait-ce donc, si ce n’était pour vous ? dit-elle en levant ses beaux yeux noirs tout confus vers le jeune homme.