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Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/70

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le cardinal Manning, mais pour nous occu­per du péril social. Vous pouvez, rééditant Voltaire, railler la religion, mais vous n’empêcherez pas qu’elle soit le meilleur frein moral aux convoitises et aux passions des basses classes.


- L’homme est un animal religieux, dit sentencieusement le pape du posi­tivisme, M. Pierre Laffitte. La religion d’Auguste Comte ne possède ni pigeon, ni agneau, et, bien que notre Dieu ne soit ni à plumes, ni à poils, il est cependant un Dieu positif.


- Votre Dieu-Humanité, répliqua Huxley, est moins réel que le blond Jésus. Les religions de notre siècle sont un danger social. Demandez à M. de Giers, qui nous écoute en souriant, si les sectes religieuses de formation nou­velle en Russie, aussi bien qu’aux États-Unis, ne sont pas entachées de communisme. Je reconnais la nécessité d’une religion, j’admets aussi que le christianisme, excellent encore pour les Papous et les sauvages de l’Australie, est un peu démodé en Europe; mais s’il nous faut une religion nouvelle, tâchons qu’elle ne soit pas un plagiat du catholicisme et ne contienne nulle trace de socialisme.


- Pourquoi, interrompit Maret, heureux de glisser un mot, ne remplace­rions-nous pas les vertus théologales par les vertus libérales, la Foi, l’Espé­rance et la Charité par la Liberté, l’Égalité et la Fraternité?


- Et la Patrie, acheva Déroulède.


- Ces vertus libérales sont en effet la belle découverte religieuse des temps modernes, reprit M. de Giers, elles ont rendu d’importants services en Angleterre,