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Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/76

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permet de boire du vin falsifié, de l’eau-de-vie de pommes de terre et du casse-poitrine de betterave.


D. - Quels devoirs t’impose-t-elle envers toi-même?


R. - De rogner mes dépenses; de vivre dans la saleté et la vermine; de porter des habits déchirés, rapiécés, reprisés; de les user jusqu’à la corde, jusqu’à ce qu’ils tombent en guenilles, de marcher sans bas, dans des souliers percés, qui boivent l’eau sale et glaciale des rues.


D. - Quels devoirs t’impose-t-elle envers ta famille?


R. - D’interdire à ma femme et à mes filles toute coquetterie, toute élégan­ce et tout raffinement; de les couvrir d’étoffes communes, juste assez pour ne pas choquer la pudeur du sergot; de leur apprendre à ne pas grelotter en hiver sous des cotonnades et à ne pas suffoquer en été dans les galetas; d’inculquer à mes petits-enfants les sacrés principes du travail, afin qu’ils puissent dès le bas âge, gagner leur subsistance et n’être pas à la charge de la société; de leur enseigner à se coucher sans souper et sans lumière, et de les accoutumer à la misère qui est leur lot dans la vie.


D. - Quels devoirs t’impose-t-elle envers la société?


R. - D’accroître la fortune sociale par mon travail d’abord, par mon épar­gne ensuite.


D. - Que t’ordonne-t-elle de faire de tes économies?


R. - De les porter aux caisses d’épargne de l’État pour qu’elles servent à combler les déficits du budget[1] ou de les confier aux sociétés fondées par les

  1. Le catéchisme fait allusion à des faits qui se pas-