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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/123

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VI

PASSIONS ET CARACTÈRES

Molière était trop sensible et trop passionné pour ne point apporter, dans ses observations, la vivacité de sentiment qui lui était habituelle et pour ne pas communiquer cette vivacité aux êtres fictifs que son imagination, si bien outillée, faisait ensuite mouvoir sur les planches. Il était, d’autre part, trop sensé par nature, et trop réfléchi par éducation, pour ne pas vouloir donner, à ces êtres fictifs, une ressemblance aussi exacte que possible avec des êtres réels, par la vérité de leur extérieur comme de leur esprit, de leurs actions et de leurs paroles. Vivant lui-même, dune vie forte et complète, par les sens et par la pensée, par le cœur et par le cerveau, dans le réel et dans l’idéal, lorsqu’il projetait, hors de lui, ces créations de son intelligence, ce n’était qu’après leur avoir communiqué la plénitude d’existence qui bouillonnait en lui.

De là, dans la plupart de ses personnages, cette exubérance communicative qui éclate et s’exprime