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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/139

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passions et caractères.

tant à sa paresse et à son avidité la science de vices plus lucratifs : ce seront Monsieur Tartufe et le comte Dorante, des filous d’excellentes manières. Le Pédant, cet inévitable et encombrant personnage des comédies et farces, aussi bien en France qu’en Espagne, Italie, Angleterre, parce qu’en effet, depuis la Renaissance, il encombrait partout les écoles, les cours et les villes, les familles et les compagnies, ne disparaît pas aussi vite que ses acolytes, parce qu’il ne disparaît point, en effet, du monde où vit l’auteur. Mais, en se transformant, il se raffine, se spécialise, se multiplie. C’est sous les aspects les plus variés qu’il renaît avec sa suffisance et ses cupidités. Pour avoir jeté aux orties sa robe de magister, pour s’être lavé et décrassé, il n’en reste pas moins insupportable et ridicule. Voici donc le grammairien citateur, Métaphraste, l’inspecteur des Inscriptions publiques, Caritidès, le péripatéticien dogmatique, Pancrace, le pyrrhonien détraqué, Marphurius, le critique aigre et jaloux, Lysidas, les Docteurs solennels, Doyens de la Faculté, Médecins de la Cour, Tomes, Desfonandrès, Macroton, Bahys, Filerin, leurs stupides confrères Diafoirus père et fils, leur parodiste Sganarelle. Voici le poète courtisan Oronte, les gens de lettres professionnels, doucereux et vindicatifs, dans le salon des savantes parisiennes, comme le sot précepteur, M. Bobinet, dans le salon des amateurs provinciaux. Aux pédants intellectuels, littéraires et scientifiques, on peut ajouter quelques pédants juristes, comparses de second plan auxquels la brièveté de sa vie n’a pas permis sans doute au railleur d’adjoindre des chicaneaux d’un