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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/156

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MOLIÈRE.

trop gaulois, sans doute, « lorsqu’il se fut proposé pour but dans toutes ses pièces d’obliger les hommes à se corriger de leurs défauts ». Lagrange ajoute : « On peut dire que jamais homme n’a su mieux que lui remplir le précepte qui veut que la comédie instruise en divertissant ». Chez lui, le premier, le plus grand souci, est donc bien toujours celui de la vérité dans la représentation vivante d’êtres vivants, mais il faut toujours aussi que cette vérité soit « plaisante et morale », suivant l’expression de M. Gustave Lanson.

C’est aussi la conclusion de Brunetière, dont l’impression devant l’œuvre de Molière est bien celle qu’éprouvent, depuis plus de deux cents ans, tous ses auditeurs ou lecteurs : « Molière me fait songer, et puisqu’il me fait songer, je veux savoir à quoi. » À quoi ? Le franc et sagace critique nous l’a dit avec plus d’autorité, mais nous le savions depuis longtemps . Impossible, n’est-ce pas ? de ne pas se demander, au sortir de telle ou telle représentation, ce qu’il pense de l’amour et du mariage, de l’autorité paternelle et de l’autorité maritale, des devoirs et des droits des enfants, de l’éducation et de l’instruction des femmes, des distinctions sociales et des usages mondains, des vices nobiliaires et des travers bourgeois, de la littérature et du pédantisme, de l’art théâtral et de ses interprètes, de la science et du charlatanisme, de la religion et de l’hypocrisie ? Et, sur tous ces points, nous avons ses réponses, qu’il nous fait donner, tantôt plaisamment, tantôt sérieusement, soit par échange, entre ses interprètes, de plaisanteries ou éloquences contradictoires, soit,