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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/159

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pensée et morale.

morale s’en tire d’elle-même, pour le public le moins cultivé, sans effort.

Il ne se fait point faute, non plus, surtout dans les intermèdes des folies et caprices-ballets, destinés à l’encouragement des fleuretages princiers, de chanter, en vers et en prose, les délices et les entraînements, la liberté et la souveraineté de l’amour en général, de ressasser, avec ou sans Quinault,

……ces lieux communs de morale lubrique
Que Lulli réchauffa des sons de sa musique.


mais, lorsqu’il en vient au faire et au prendre, en des représentations de la vie réelle, il n’accepte et n’encourage l’amour qu’en des conditions de jeunesse, de sincérité, de tendresse, de désintéressement, d’honnêteté, de raison, hors lesquelles il le raille impitoyablement. A-t-il assez de traits amers pour toutes les femmes trop mûres qui croient appâter les amants, Bélise et la d’Escarbagnas, pour toutes les coquettes, élégantes ou prudes, qui se jouent des honnêtes gens, Célimène et Arsinoé, pour les pédantes et les précieuses, qui se guindent au-dessus des lois naturelles pour y mieux retomber par des chutes honteuses ou grotesques, pour les mégères rapaces, comme Béline, ou les intrigantes rusées comme la marquise Dorimène ! Chez lui, nulle complaisance pour les simagrées sentimentales, les concupiscences surannées, L’adultère passionnel, rien qui rappelle les indulgences alambiquées des tragi-comédies romanesques, rien qui annonce ou prépare les rêveuses incomprises