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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/16

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MOLIÈRE.

étudier ». Si le fait est vrai, ce serait déjà chez lui cette vivacité de décision, cette franchise de parole qui devinrent un des traits les plus saillants de son caractère. Son père se rendit de bonne grâce à sa prière. De 1636 à 1640 environ, Jean-Baptiste suivit les leçons des Jésuites au collège de Clermont (plus tard Louis-le-Grand) fréquenté par dix-huit cents élèves, presque tous nobles. On y enseignait moins bien le grec qu’à Port-Royal, on y étudiait plus à fond latin et français. L’un des professeurs les plus estimés était le P. Lemoyne, auteur du Poème de saint Louis et des Entretiens poétiques. Les élèves y jouaient, à certains jours, des tragédies et comédies latines, anciennes et modernes, souvent écrites dans la maison. Une Suzanne, en 1640, y eut un tel succès, qu’on dut la représenter à la cour. Que d’excitations, là encore, pour l’admirateur des bateleurs et des Grands Comédiens ! Il en sortit « fort bon humaniste, encore plus grand philosophe, lisant les poètes avec un soin tout particulier et les possédant parfaitement, surtout Térence ».

Il s’était fait, dans le collège, d’agréables et utiles camaraderies. La liaison dès cette époque avec le prince de Conti, frère du duc d’Enghien, beaucoup plus jeune, et qu’il devait revoir plus tard, reste, il est vrai, assez douteuse. L’amitié est plus certaine qui l’unit dès lors et l’unit jusqu’à la mort avec Chapelle, fils naturel d’un conseiller libre-penseur, Luillier. Celui-ci, lui ouvrant sa maison, lui permit d’y suivre les cours de Gassendi, qu’il chargeait de compléter l’éducation philosophique de son fils. Poquelin s’y trouva avec Hesnault, Cyrano de