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IX

L’INFLUENCE

Si l’on juge de l’influence d’un auteur dramatique par la rapidité et la durée de sa popularité sur les scènes de son pays et les scènes étrangères, par le nombre des nations où il a trouvé des traducteurs et des imitateurs, par celui des critiques qui l’ont commenté, discuté, exalté en toutes langues, on devra penser que de tous nos écrivains de théâtre, c’est Molière qui, depuis plus de deux siècles, n’a cessé d’exercer, sur le monde civilisé, l’action la plus puissante et la plus durable par les qualités vives et claires de son génie observateur et créateur, hardiment sincère et profondément humain.

De son vivant, dès la surprise et le scandale excités par ses premières œuvres, cette action se traduisit par des effets techniques sur la conception de l’œuvre théâtrale et sa représentation, des effets intellectuels sur le mouvement de la littérature, des effets moraux sur les habitudes et les idées de la société. Une quantité de faits constatés par les