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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/201

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le style.

de plus intéressant à ce sujet que les renseignements réunis d’abord par Legrelle, complétés par M. Monval et les Moliéristes, résumés par M. Paul Mesnard, dans son édition monumentale des œuvres complètes.

C’est en Angleterre, devant une cour demi-française, que Molière fut traduit et joué le plus vite. En 1670, la duchesse d’Orléans, sœur du roi Charles II, protectrice du poète, constate déjà son succès à Londres. Le Tartuffe, y est représenté sous le titre de The French Puritan. Bientôt, toute une école nouvelle, rompant avec les traditions de Shakespeare, se livre d’abord à un travail de simple adaptation. L’Étourdi, entre les mains de Dryden, est tout à coup devenu Sir Martin Mar-All : l’Agnès de l’École des Femmes, reparaît dans la Country Wife de Wicherley, et le Misanthrope dans son Plain Dealer. Shadwell transforme, accommode, anglicanise avec le même sans-gêne les Précieuses, les Fâcheux, Don Juan, l’Avare. Congreve respecte un peu mieux, tout en le démarquant, l’esprit de Molière. Les traductions de ses œuvres, complètes ou choisies, à partir de 1714, se succèdent. En 1732, une édition de grand luxe, avec texte en regard, portrait par Mignard, illustrations par Hogarth et Ch. Coypel, est publiée sous le patronage de la Reine et des grands lords. La même année, Fielding inaugure, par le Mock Doctor (Médecin malgré lui) et le Miser (l’Avare) la série de ses traductions et représentations moliéresques. L’abbé Prévost en constate l’énorme succès, tandis que des écrivains plus originaux, notamment Sheridan, dans la School for