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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/207

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l’influence..

parasite, elle ne fût déjà bien malade des étrivières cinglantes distribuées à ses marquis vantards, fats, inutiles, prétentieux, bretteurs, escrocs, à son élégant seigneur Don Juan, type de l’insolence aristocratique et de la perversité spirituelle, à ses hobereaux prétentieux et ridicules, M. et Mme de Sotenville et Mme d’Escarbagnas ?

Aussi, de tous nos poètes de théâtre, à travers toutes les révolutions littéraires, politiques, sociales et toutes les transformations et agitations du monde moderne par la science, est-ce Molière qui a le moins souffert du changement des idées. Sa gaîté et son bon sens, sa franchise chaleureuse de solidarité humaine ont résisté à tous les caprices de la mode. Sa popularité semble même, chez nous, s’être accrue à mesure que s’accroissent nos inquiétudes morales et nos désordres sociaux. Les uns trouvent dans cette gaîté la distraction et l’oubli, les autres dans ce bon sens la patience, la consolation et l’espérance. Cela nous semble une réserve de santé, de joie, d’optimisme où l’on pourra toujours reprendre son équilibre intellectuel et sentimental. On ne cesse de le jouer, on ne cesse de l’applaudir, on ne cesse de le commenter.

Les étrangers s’y montrent aussi ardents que les Français. Les belles études récemment publiées par MM. Martinenche, Rigal, Huzlar, Mantzius, Chatfield-Taylor, d’une érudition avisée et d’une libre critique, ne sont pas les dernières, assurément, qui nous feront, chaque jour, mieux comprendre et mieux apprécier la portée de son génie. Aujourd’hui, comme le 15 janvier 1871, jour anniversaire de sa naissance,