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MOLIÈRE.

Molière n’avait-il pas, lui aussi, un office à la cour ? N’était-il pas « Valet de Chambre du Roi » en survivance de son père ? Il devenait donc un homme à la mode et jouait ce rôle, comme tous les autres, avec tact et dignité. « Ces messieurs lui donnent souvent à dîner, mais il rend tous les repas qu’il reçoit, son esprit le faisant aller de pair avec beaucoup de gens qui sont beaucoup au-dessus de lui ».

Le 20 février 1662 fut célébré, à Saint-Germain l’Auxerrois, le mariage de J.-B. Poquelin, et d’Armande-Grésinde Béjart. Les témoins étaient Jean Poquelin, père du marié, A. Boudet, son beau-frère, la dame Hervé, Louis Béjart, Madeleine Béjart, frère et sœur de la mariée Armande. Celle-ci, âgée de quelques mois lors de la fondation de l’« Illustre Théâtre », avait été élevée par sa sœur et par Molière, dans la troupe. Il semble même qu’elle ait joué, de bonne heure, quelques rôles enfantins sous le nom de Mlle Menou. De bonne heure aussi, par sa gentillesse et son intelligence, elle avait inspiré à son éducateur une tendresse d’affection qui changea de caractère à mesure que la jeune fille grandissait et s’embellissait. Dès 1659, une réponse de l’ami Chapelle à l’imprésario se plaignant des chagrins continuels que lui donnent ses Trois Déesses, Pallas-Béjart, Junon-Du Parc, Cypris-De Brie, pour la distribution des rôles, révèle, sous forme allégorique, l’état déjà douloureux de son âme inquiète. Mlle Menou y est comparée à un jeune arbrisseau qui n’a pas

Encor la vigueur et la force
De pénétrer la tendre écorce