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III

LA GRANDE LUTTE (1664-1669)

Le jeune roi, ambitieux et glorieux, marchandait de moins en moins ses faveurs au poète-histrion en qui son égoïsme clairvoyant avait pressenti et expérimente, comme en d’autres bourgeois de métiers divers, un collaborateur utile pour ses entreprises. En revanche, il exigeait de lui, comme de tous les autres, une activité infatigable, toujours docile et prompte à la besogne. À l’heure même où naissait l’enfant qu’allait honorer son auguste parrainage, le père, par son ordre, s’attelait d’urgence à la confection d’un ballet qu’on devait représenter chez la reine-mère. Ces ballets, où le beau Louis, entouré de ses élégants gentilshommes, déployait complaisamment aux yeux de sa femme, de sa mère et de Mlle de la Vallière, toutes ses grâces de danseur, faisaient fureur à la cour. Toute cette jeunesse, enfin débridée, n’aimait pas moins à rire qu’à danser et le rire de Molière lui devenait une distraction et une excitation nécessaires.