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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/68

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MOLIÈRE.

l’espérance « que ce même bras séculier qui est l’appui des religions abattra tout à fait ce monstre et confondra à jamais son insolence ».

Le pamphlet de Rochemont avait paru dans les derniers jours d’avril. Les amis de Molière se préparaient à répliquer par une Réponse aux observations touchant le Festin de pierre, et une longue Lettre sur ces observations, dissertations en règle, dans lesquelles on a cru sentir la collaboration même de l’auteur attaqué. Mais, avant que ces protestations fussent imprimées (en juillet) le Roi avait déjà donné sa réponse. Le 12 juin, appelé à Versailles, Molière avait écrit un prologue pour une comédie de Mlle Desjardins, le Favori, et il l’avait joué lui-même, faisant le rôle d’un marquis, plus ridicule que jamais, qui s’installe sur le théâtre, malgré la résistance des gardes, interpelle insolemment le parterre et se querelle avec les spectateurs. Au mois d’août, après la publication des apologies, le roi rappelle le poète à Saint-Germain, et lui donne une marque plus éclatante de sa protection fidèle en demandant à son frère, protecteur en titre de la troupe, de la lui céder, directeur et acteurs. Les anciens bohèmes de l’« Illustre Théâtre » seront désormais les Comédiens du Roi avec une subvention de 6 000 livres. L’encouragement venait à point. Molière était las, moralement, physiquement, épuisé par tant de déboires, persécutions, démarches, inquiétudes, dans cette lutte acharnée. Il lui suffit, d’ailleurs, de ce retour de fortune, pour rebondir avec sa souplesse si habituelle, sur son tremplin. Et le voilà qui, de suite, s’élance contre de nouveaux adversaires !