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Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/112

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gères à l’agriculture. Sur cinquante millions d’hectares, le paysan qui cultive son propre fonds ne possède que quatre millions d’hectares. Ces chiffres sont significatifs. De plus les propriétaires de ces quatre millions d’hectares sont eux-mêmes au nombre de deux millions : c’est dire que le lot de chacun est en moyenne assez exigu ; mais le rendement est plus considérable que pour les autres formes d’exploitations.

Ce qui contribue à entretenir l’illusion relative à la situation économique du paysan français, c’est le grand nombre des cotes foncières : quatorze millions de cotes. Ce chiffre est impressionnant ; il le sera moins si l’on songe que la moitié de ces cotes sont inférieures à cinq francs. Or, qu’est-ce qu’une propriété payant moins de cinq francs d’impôts, sinon un « haillon de propriété ».

Ces propriétaires minuscules, qui exploitent ce que M. Toubeau a appelé excellemment un haillon de propriété, ne sont autre chose que des gueux de la propriété. Et pourtant, ces gueux, c’est la moitié des paysans français.

On objectera que ce sont là des chiffres d’avant-guerre et que, depuis, le paysan s’est enrichi, a acheté de la terre. Qu’importe ? Ces chiffres étaient des vérités d’hier et seront des vérités de demain, car le haillon de propriété est la conséquence fatale du fractionnement que produit le partage héréditaire.

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