Aller au contenu

Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

Monceau, que faites-vous ? Je vois toujours les sommaires de la Gazette et de l’Art. Que tramez-vous entre votre Grenouillère de Monet et le Constantin Guys de Manet et le Van Goyen noyé d’averses et de brume, et la chose d’Ary Scheffer, et les archéologies bizarres de Moreau — dites ?…

Et Bourget ? Je vois très souvent ici un de ses amis qui fait de la critique musicale. Je fais des connaissances, un peintre de Dresde, un pianiste, le violoniste Ysaye, élève préféré de Vieuxtemps, ami de Rubinstein, etc.

Je travaille, travaille. Assez d’allemand — beaucoup de vers — une dissertation sur l’amour, cette force éternellement charmante et sale et ridicule.

Puis, je me réchauffe les yeux avec une pile de crépons japonais laissés par Pigeon.

Puis je refais des vers. Vu les peintures du café Bauer. Il fait ici un temps de mars très doux et pluvieux.

Je regrette les galeries de l’Odéon, les ciels malades que l’on voit du pont de la Concorde, les belles flaques de la place de ce nom. (J’ai été amoureux de la statue de Nantes qui symbolise la chasteté saine et virile.) Je regrette les enterrements à la Madeleine et à Saint-Augustin, et les rosses résignées et somnolentes des fiacres.