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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/130

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

Et, dix minutes, je suis resté en extase devant les pieds aristocratiques, uniques ! du duc de Reichstadt. — Bien que « vilain et très vilain » (comme disait ce voyou de Béranger), j’adore la race et quand, dans ce monde où je suis un peu fourré, je la rencontre, j’ai des jouissances uniques. Sincèrement, ici, il y en a peu. La plupart de ces piliers de cour sont assez vulgaires.

J’ai vu des jeunes gens à Paris et des dames qui avaient plus de race que ça. Le siècle pue le parvenu, n’est-ce pas ?

La princesse royale, elle, est d’une distinction bien complexe dont on démêlerait les éléments avec plaisir la plume à la main. Quant à l’Impératrice, c’est un type accompli de grande dame, comme les aiment ceux qui ont vécu en imagination dans les salons du grand siècle et dans ceux du dernier.

Mais il ne faut pas que je vous fasse trop de confidences. Vous devez sans doute lire le premier article de Pigeon[1]. Il a fait un triste effet. La

  1. Amédée Pigeon, le prédécesseur de Laforgue comme lecteur de l’Impératrice, venait de commencer la publication à Paris d’une série d’articles sur l’Allemagne qui allaient composer son volume L’Allemagne de M. de Bismarck et dans lesquels certaines remarques ne pouvaient guère être accueillies favorablement à Berlin, et particulièrement à la cour.