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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/135

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LETTRES 1881-1882

votre premier article sur His de la Salle[1] avec les beaux spécimens que vous donnez.

Sera-ce suivi de quelques articles encore ? Je me suis mis à relire votre énorme Dürer. J’essaie de faire des études scientifiques sur les couleurs, un rêve encore, et commence aussi à revenir à mes très vieilles premières amours, le mouvement chez les végétaux.

Avec cela, je me traîne comme un limaçon, très lentement, à travers les pages d’un Ollendorff pour l’allemand. Puis je pense et, après avoir pensé, je doute. Je doute si notre pensée rime à quelque chose de réel dans l’univers. Et je m’ennuie ; et, comme dit Bourget, je déchiquette la fougère amère du spleen. S’il suffisait de croire que l’on a du talent pour en avoir, j’en aurais. — Vous, vous êtes sain et sauf, vous travaillez posément et consciencieusement, sans remords. Vous avez un grand but et vous le tenez. Vous ne vous êtes jamais consumé dans des rêves stériles. Est-ce beau, cette année, l’exposition des indépendants ? Ferez-vous enfin le Salon, cette année-ci, dans la Gazette ? Quand ferez-vous des chroniques d’art pour la Vie moderne ?

Je donne ici des leçons de conversation à un

  1. Les Dessins de la collection His de la Salle (Gazette des Beaux-Arts, 1er mars 1882).