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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/152

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

peu à peu à l’état végétatif du corail. On vient de m’offrir quinze jours de congé, je n’ai pas eu la force d’en profiter ; puis, Berlin est à 150 marks de Paris, et je suis plus pauvre que le Jeune Homme d’Octave Feuillet. Ajoutez à cela que je suis obligé de lire de l’H. Gréville et de l’Augustus Craven. Aussi je me lance dans la théorie des couleurs, la botanique et l’eau-forte.

Puis nul ne m’écrit, ni vous, ni Henry, ni personne. Une jeune fille qui m’a pas mal fait souffrir et qui s’était enfin laissé arracher quelques lettres froides, ne me donne plus signe de vie. Hélas ! Hélas !

Et voilà que, comme l’an dernier à pareille époque, je recommence à avoir, à la mourance du jour, mes petits accès de nausée universelle.

Ah çà ! que fait M. Henry que je ne reçoive jamais un mot de lui ?

Serait-il pris dans l’engrenage de quelque passion ? Surveillez-le.

Pour le moment, je voudrais me rouler dans des fleurs, ou aller en hirondelle à Saint-Cloud, vers huit heures du matin, ou etc…

Je m’ennuie, je m’ennuie. Et comme il n’y a pas de raison pour qu’une lettre se termine avec de pareilles litanies, je ferme celle-ci et je vous l’envoie.