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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/178

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

j’aime rester chaste, j’adore certaines conversations, bref, j’aurais été bien heureux de connaître Baudelaire et d’être son inséparable, vous me comprendrez, car je crois que vous êtes ainsi, aussi. C’est pourquoi un projet vient de me naître. Vous me parlez d’un voyage en Italie, ces vacances ; voulez-vous que nous le fassions ensemble ? Avec mille francs chacun. Qu’en pensez-vous ? Nous avons deux mois pour y penser. — Pensez-y.

Pour revenir à elle, parlez-moi de son langage, de ses gestes, comme vous en parleriez à un vieux polisson très chauve. Je vous en prie. Et envoyez-moi une photographie un peu neuve, et dites-lui de m’écrire. À Berlin, j’ai assisté à une histoire de femme, une histoire d’adultère épique, avec des détails inouïs. À dîner, la dame en question était exquise. Je m’en léchais les doigts et je prenais des notes. J’y ai dépouillé chez un artiste la correspondance de trois amours ; des notes. — Avez-vous lu Pot-Bouille ?

La femme ne m’excite ni le cœur, ni la tête, ni les sens, — peut-être les sens, mais cinq minutes toutes les deux semaines à peu près. Mais pour ma part, je ne me suis jamais dit : Voilà une femme désirable, faisons-lui la cour. Si j’avais des idées sur une femme, ce serait pour la pos-