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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/48

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

à huit heures le matin à Paris avec Émile, puis déjeuné à la frontière belge (onze heures) et dîné à Cologne (huit heures). J’arrive à Coblentz à onze de la nuit. À la gare m’attendait une sorte de carrosse antique au cocher grave. Un valet de pied s’incline devant moi et m’ouvre la portière. Je monte : on entre au château. Des allées interminables, avec, çà et là, des sentinelles au casque pointu et d’innombrables réverbères, on arrive à un perron. Je descends devant une porte, un grand diable galonné s’incline et m’ouvre. C’est mon appartement, — mon domestique et sa femme m’attendaient, allumant un grand feu, disposant mon dîner.

Voici mon appartement de Coblentz : une antichambre, puis un grand cabinet de travail très haut de plafond, à gauche une commode avec une glace et des bougies, deux grandes fenêtres, — au fond mon bureau avec tout préparé pour écrire, un bel encrier, une lampe d’un système très compliqué et que je n’ai pas encore compris, un grand fauteuil, un crachoir, une chancelière, etc… À droite un canapé-lit, une grande table recouverte d’un tapis, deux fauteuils, huit chaises rembourrées, et sur la table, dans un plateau d’argent, un dîner, des viandes froides, une assiette dorée avec des