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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/83

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LETTRES 1881-1882

Je fume beaucoup de cigares. Je ne passe pas de jour sans entendre de la musique[1].

Bals à la cour.

Et Kahn ? Quelles nouvelles ? sait-il mon adresse ? Quelle est la sienne ?

Demeurez-vous toujours rue Berthollet[2] ? avez-vous grandi depuis que je ne vous ai vu ? Allez-vous toujours à la Sorbonne ?

Pourriez-vous savoir chez Cadart combien coûterait une collection d’eaux-fortes de Chifflard ?

Avez-vous lu la Faustin[3] ? Pierrot sceptique de Huysmans et Hennique ?

Moi, je suis tiraillé de tous côtés. Quand je flâne, je me reproche de n’être pas à arranger mon bouquin de vers. Quand j’y travaille, je songe à l’érudition d’art que je lâche sous prétexte qu’il faut des voyages ; puis je me reproche de ne pas faire assez d’allemand (je ne parle que français ici, et ne

  1. Par l’entremise d’un journaliste français alors à Berlin, M. Th. Lindenlaub, Jules Laforgue venait de faire la connaissance de jeunes musiciens belges, l’un violoniste, l’autre pianiste, Eugène et Théophile Ysaye ; c’est surtout avec ce dernier que Laforgue se lia. Ils se voyaient chaque jour quand les exigences de la cour n’entraînaient pas Laforgue hors de Berlin.
  2. M. Charles Henry habitait alors rue Berthollet un appartement qui donnait sur les jardins du Val-de-Grâce dont la vue avait enchanté Jules Laforgue, l’automne précédent.
  3. Le roman de Goncourt.