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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/89

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LETTRES 1881-1882

Je lis et travaille d’énormes bouquins comme les Mémoires de Metternich et dont, en somme, je ne tire que la provision de deux ou trois lectures.

Puis des courses, des courses.

Aujourd’hui, la comtesse Hacke[1] m’a pris dans sa voiture ; des cochers à aiguillettes d’argent qui, passant devant les postes de casernes, font pousser un hurlement bizarre au factionnaire et sur ce accourir le poste qui présente les armes, avec un roulement de tambour, et l’officier saluant d’un éclair de son épée blanche. Et des badauds qui ôtent leurs coiffes. Très amusant, pour moi ancien locataire — payant — d’un garni rue Monsieur-le-Prince. Et nous avons couru durant des heures, des heures. Été visiter le pensionnat de l’Impératrice, une cage adorable et chaste.

Une institutrice, une Parisienne timide, nièce de Meyer du Collège de France, m’a fait visiter tout l’établissement, dortoirs blancs, réfectoires, cuisines, infirmerie, cabinets de bains, etc. Nous étions seuls… nous vagabondions à travers les étages ; je lui arrachais des bouts de conversation ; à la fin nous étions amis. Puis des visites, en ville, et rentrée à cinq heures. Je n’avais que le temps de manger et

  1. Au lieu de « la comtesse » Laforgue avait d’abord écrit « maman ».