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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/110

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

fraîche, maintenant dans cette cour si simple et où les traits de médiocrité abondent même, son idéal d’une souveraine n’abdiquant pas une seule minute son rôle et en méditant encore chaque jour les nuances, idéal qu’elle a puisé dans sa contemplation du grand siècle français.

Mais ce n’est guère qu’ici, devant des représentants de nations étrangères, que la souveraine est un peu volontiers à son rôle et sent qu’il en restera quelque chose. L’Allemand et le Berlinois ne comprennent pas leur souveraine qui, d’ailleurs, est d’origine russe, n’a rien d’allemand pour la foule, ne se montre jamais en public et a toujours fait tout ce qu’il fallait pour se rendre impopulaire. L’impératrice Augusta aura peut-être été la dernière impératrice.

Une heure après, les danses cessent, le cortège des chambellans se reforme, la cour suit, puis, à peine à quelque distance, pêle-mêle tous les invités. On se dirige vers les buffets installés dans une douzaine de salles, chacune affectée à tel ou tel corps d’invités, suivant le programme. Le buffet est, de l’avis des étrangers, d’un goût d’installation et d’une variété médiocres. Le brave Allemand invité en profite largement et en gardera un bon souvenir.