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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/172

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

surmontée, en ascension, de la reine Louise, mère de l’empereur !

À la Comédie. — On joue une pièce de Paul Heyse, le Droit du plus fort, qu’aucun littérateur à Paris n’appuierait auprès d’aucun directeur, tellement les personnages sont pauvres et convenus. L’apparition du jeune premier m’a stupéfié. Absolument rien d’allemand ; mais absolument, comme tête, le jeune ingénieur français, bien coiffé et barbe bien taillée.

Théâtre populaire. — Soir d’été, après une journée accablante. Presque à la limite de Berlin, un vaste jardin aux arbres superbes, parcimonieusement éclairé de quelques globes de gaz. C’est un jour de semaine. Des milliers de braves gens prennent le frais, boivent, fument en assistant à un spectacle de quatre sous. C’est toujours la table entourée d’une famille. Des mères donnent le sein à leur enfant. Au fond, un théâtre à scène très spacieuse. Un clown à répertoire berlinois, des gymnastes de rebut, un piteux quatuor d’excentriques américains, etc. Tout ce public est calme, digère, fume, se rafraîchit ; pas de calicot spirituel, pas de voyou. Entr’acte : on se promène dans le jardin, ou bien l’on va dans une salle à côté, danser.