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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/38

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

Elles sont surtout spacieuses et claires et plus faites pour la circulation que pour abriter un dédale de bureaux. Les employés sont de vrais militaires, en uniforme, raides et les pieds en équerre, ils saluent leurs chefs.

Le contraste entre la tenue des employés allemands et celle des employés français est amusant à saisir à la frontière entre Avricourt allemand et Avricourt français. Dans l’une, un personnel militaire, s’occupant sans un mot du fonctionnement de la station, comme hier, comme avant-hier. Dans l’autre, dès l’arrivée, une petite odeur d’absinthe et de liberté, des employés qui traînent (ou qui semblent traîner, n’ayant pas de sous-pieds), sifflotant (sifflotant !), s’interpellant : « Est-ce qu’on te voit ce soir ? », etc. Le public, avec ou sans billets, est libre de circuler à sa guise dans les gares allemandes.

La gare de la dernière des sous-préfectures de France ne voudrait pas des buffets des gares de Berlin.