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Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/183

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doigts, dont l’un fût appuyé fortement sur le manche, comme on le fait ordinairement, en appliquant en même temps l’autre au tiers, ou au cinquième de la corde, pour lui donner le son harmonique convenable. C’est aux habiles musiciens à juger si l’exécution de ce projet n’est pas sujette à d’autres difficultés capables de rebuter les meilleurs artistes.

52. Nous avons fait voir (9) que les mouvements des parties de l’air, qui composent une fibre élastique continue, ne diffèrent nullement de ceux des cordes vibrantes, si ce n’est en ce que les vibrations de celles-ci sont perpendiculaires à l’axe au lieu que les autres sont longitudinales. Donc, si l’on considère une fibre quelconque d’air ou bien un amas de plusieurs fibres renfermées dans un tuyau qui les borne et les distingue de la masse continue de l’air extérieur, ces fibres pourront recevoir dans toutes leurs parties des mouvements semblables à ceux des points d’une corde de musique d’égale longueur et d’égal poids, et dont la force de tension soit équivalente à celle de l’élasticité naturelle de l’air. Si donc les mouvements de ces fibres peuvent se communiquer à l’air extérieur, il en résultera un son qui sera de même nature que celui qui serait produit par la corde correspondante.

Voilà le principe et l’origine de tous les instruments à vent, qui constituent une classe d’instruments de musique non moins étendue et non moins importante que celle des instruments à cordes.

Le célèbre M. Euler a tâché le premier de rapprocher les théories de ces deux espèces d’instruments dans une Thèse sur le Son, imprimée à Bàle l’année 1727, puis dans son excellent Traité de Musique qui a paru l’année 1739. Il compare en effet dans ces endroits la colonne d’air contenue dans un tuyau à une corde du même poids et de même longueur, et qui serait tendue par un poids égal à celui d’un cylindre de mercure, dont la base fût la même que celle du tuyau et la hauteur celle du baromètre. Par cette comparaison, il détermine le son que doit rendre une flûte quelconque donnée et il le trouve entièrement d’accord avec l’expérience. Il faut avouer que cette théorie a été portée par ce savant Auteur au plus haut degré de perfection, et qu’il n’y restait rien à désirer