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Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/202

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ment toutes celles de l’air contigu. On peut voir dans l’article Fondamental de l’Encyclopédie les autres raisons qui rendent ces deux systèmes insoutenables ; c’est pourquoi je ne m’y arrêterai pas davantage.

64. Nous venons de voir que la particule d’air qui se trouve dans la rencontre de deux sons reçoit un ébranlement différent de celui qui est produit par chaque son en particulier ; donc, si les sons sont de telle nature que leurs vibrations concourent toujours après un certain temps donné, l’impression suivie et régulière de ces ébranlements composés pourra être distinguée des autres impressions particulières, et une oreille assez exercée entendra un troisième son, dont le rapport avec les autres se trouvera en comparant le nombre des vibrations particulières que chacun d’eux achève entre deux concurrences successives. On devra donc entendre ce troisième son précisément au point milieu de la ligne qui joint les deux corps sonores, parce que, les sons ayant toujours une même vitesse, c’est là qu’ils doivent nécessairement se rencontrer ; cependant, si l’on considère la masse continue de l’air, on voit que chaque particule d’une fibre sonore doit être considérée comme le centre d’une infinité d’autres fibres, auxquelles elle peut aussi communiquer du mouvement, ce qui fait que le son se propage en tous sens ; d’où il suit que l’ébranlement composé pourra être de même porté à l’oreille dans une infinité d’autres endroits, quoique avec moins de force et moins distinctement, à cause de la diminution et de l’altération causées par les résistances des particules hétérogènes dont toute la masse de l’air est parsemée.

Il faut une extrême finesse d’oreille pour percevoir ces sons composés ; aussi n’y a-t-il que quelques-uns des plus habiles artistes qui les aient reconnus. M. Tartini est le premier, que je sache, qui se soit attaché à les examiner avec soin, comme on peut le voir dans son Traité de Musique imprimé à Padoue l’année 1754. Ce célèbre Auteur nous apprend qu’en tirant d’un même instrument capable de tenue, comme les violons, les trompettes, etc., deux sons à la fois, ou bien en les tirant de deux instruments éloignés l’un de l’autre de quelques pas, on en entend un troi-