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Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/208

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preuve de celui-ci tirée immédiatement de l’expérience ; mais cet Auteur aura toujours le mérite d’avoir su en déduire avec une extrême simplicité la plupart des lois de l’harmonie, que plusieurs expériences détachées et aveugles avaient fait connaître.

Au reste, quelque principe qu’on adopte pour développer la nature des consonnances et des dissonances, il restera toujours à expliquer pourquoi il n’y a d’autres rapports primitifs consonnants que ceux qui sont contenus dans les nombres car il est certain qu’une corde, qui sera la septième partie ou bien le septuple d’une autre, devra résonner dans le premier cas et frémir seulement dans le second, tout de même comme si elle rendait une douzième ou une dix-septième, d’où il résulte que, suivant même le principe de M. Rameau, on devrait regarder les rapports ou pour consonnants, ce qui est néanmoins démenti par l’expérience. Mais ce qui est plus étonnant, c’est que le rapport qui constitue une seconde majeure, est beaucoup moins dissonant que le rapport quoique les concurrences soient plus fréquentes dans celui-ci que dans l’autre. Il y a la même question à faire sur plusieurs accords qui ne sont pas reçus dans l’harmonie, quoiqu’ils contiennent moins de dissonances que d’autres qu’on emploie avec succès. Je crois que, dans quelque système de musique que l’on veuille imaginer, on ne pourra éluder ces difficultés qu’en recourant au goût et au sentiment commun, sur lesquels l’habitude et les préjugés ont peut-être beaucoup plus de pouvoir qu’on ne le pense ordinairement. Mais ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de telles discussions. Le savant M. d’Alembert en a traité fort au long dans l’article Fondamental de l’Encyclopédie, auquel nous nous contenterons de renvoyer.


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