Aller au contenu

Page:Lamartine – Antoniella.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
ANTONIELLA

traînés dans cet abîme d’infortune !… Hélas ! hélas ! et nous ne sommes peut-être pas encore au fond ! lui disais-je. Pardonne-moi : j’ai voulu sauver les plus faibles et les plus jeunes. Eux sauvés, qu’importe notre honte et qu’importe notre mort ? Je n’ai que seize ans ; mais, depuis la mort de mon père, je n’ai pas eu dans ma vie un seul instant qui méritât d’être regretté. Que nos deux benjamins vivent, et que nous mourions, toi et moi, n’est-ce pas ton vœu le plus cher ?

— Oh ! oui, dit-elle,

— Tu me pardonnes donc ?

— Ma raison te pardonne ; mais mon cœur de mère n’est pas encore assez fort pour t’absoudre… Cependant, quand je pense à l’état où étaient ces adorables pe-