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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/138

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Sortez de vos débris antiques,
Temples que pleurait Israël ;
Relevez-vous, sacrés portiques ;
Lévites, montez à l’autel !
Aux sons des harpes de Solyme,
Que la renaissante victime
S’immole sous vos chastes mains ;
Et qu’avec les pleurs de la terre
Son sang éteigne le tonnerre
Qui gronde encor sur les humains !

Plein d’une superbe folie,
Ce peuple au front audacieux
S’est dit un jour : « Dieu m’humilie ;
Soyons à nous-mêmes nos dieux.
Notre intelligence sublime
A sondé le ciel et l’abîme
Pour y chercher ce grand esprit ;
Mais ni dans les flancs de la terre,
Mais ni dans les feux la sphère,
Son nom pour nous ne fut écrit…

« Déjà nous enseignons au monde
À briser le sceptre des rois ;
Déjà notre audace profonde
Se rit du joug usé des lois.
Secouez, malheureux esclaves,
Secouez d’indignes entraves,
Rentrez dans votre liberté !
Mortel ! du jour où tu respires,
Ta loi, c’est ce que tu désires ;
Ton devoir, c’est la volupté !