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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/205

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MÉDITATIONS POÉTIQUES.

Terreur et des exils d’une longue émigration, ce sentiment de religion et de pieuse réminiscence des autels de sa jeunesse, que le malheur donne aux exilés. Elle m’entretenait sans cesse de Racine et de Fénelon, ces Homères et ces Euripides du siècle catholique de Louis XIV ; elle me disait que j’avais en moi quelques cendres encore chaudes de leur foyer éteint ; elle m’encourageait à chercher les mêmes inspirations dans les mêmes croyances. Moi-même, lassé de chercher dans la nature et dans la seule raison les lettres précises de ce symbole que tout homme sensible a besoin de se faire à soi-même, je m’inclinais vers celui que j’avais balbutié, avec mes premières paroles, sur les genoux d’une mère.

J’écrivis ces vers sous cette double impression, et je les envoyai à madame de Raigecourt : elle me les rendit plus tard, quand je me décidai, sur ses instances, à recueillir et à publier ces Méditations.