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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/219

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POÉTIQUES.

Toi qui, longtemps battu des vents et de l’orage,
Jouissant aujourd’hui de ce ciel sans nuage,
Du sein de ton repos contemples du même œil
Nos revers sans dédain, nos erreurs sans orgueil ;
Dont la raison facile, et chaste sans rudesse,
Des sages de son temps n’a pris que la sagesse,
Et qui reçus d’en haut ce don mystérieux
De parler aux mortels dans la langue des dieux ;
De ces bords enchanteurs où ta voix me convie,
Où s’écoule à flots purs l’automne de ta vie,
Où les eaux et les fleurs, et l’ombre et l’amitié,
De tes jours nonchalants usurpent la moitié,
Dans ces vers inégaux que ta muse entrelace,
Dis-nous, comme autrefois nous l’aurait dit Horace,
Si l’homme doit combattre ou suivre son destin ;
Si je me suis trompé de but ou de chemin ;
S’il est vers la sagesse une autre route à suivre,
Et si l’art d’être heureux n’est pas tout l’art de vivre ?