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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/31

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SECONDE PRÉFACE




DES DESTINÉES


DE LA POÉSIE




L’homme n’a rien de plus inconnu autour de lui que l’homme même. Les phénomènes de sa pensée, les lois de la civilisation, les phases de ses progrès ou de ses décadences sont les mystères qu’il a le moins pénétrés. Il connaît mieux la marche des globes célestes qui roulent à des millions de lieues de la portée de ses faibles sens, qu’il ne connaît les routes terrestres par lesquelles la destinée humaine le conduit à son insu ; il sent qu’il gravit vers quelque chose, mais il ne sait où va son esprit, il ne peut dire à quel point précis de son chemin il se trouve. Jeté loin de la vue des rivages sur l’immensité des mers, le pilote peut prendre hauteur, et marquer avec le compas la ligne du globe qu’il